Dans les profondeurs de l'image.

''Récits et fleurs'' de Luzia Simons et ''Several Heads'' de Luc Praet.

C'est précisément cette profondeur mémorielle qui est au centre du travail de Luc Praet exposé un étage plus haut. Un travail qui de prime abord relève aussi de l'esthétique picturale tout en procédant de la technique photo. Devant ses tirages, l'auteur parle d'ailleurs d' « impression de tampon » ou « de dilution » en insistant sur sa volonté de s'éloigner autant que possible de la reproduction photographique qu'il trouve trop ennuyeuse. Manifestement, le sujet pour lui est celui bien plus immatériel de la rémanence mentale. « Que reste-t-il en nous de l'image après un certain temps ? », se demande-t-il. Sa réponse est à la fois littérale et métaphorique puisqu'il nous présente des représentations altérées de parties d'œuvres plus ou moins connues prélevées dans les musées du monde entier. Un peu comme si l'histoire de l'art était un vaste memento mori ou plutôt, comme le suggère Marie Lemeland dans sa préface, un éternel recommencement : « A la manière des fantômes qui habitent les familles, les œuvres qui touchent et interpellent l'artiste s'incarnent à nouveau dans ce qu'il crée à son tour. Ce qui nous échappe est peut-être ainsi ce que nous cherchons à reproduire, et ici, Luc Praet en a sa propre version, unique et universelle à la fois »


Jean-Marc Bodson  La Libre Culture